La définition littérale du Nitrox serait un mélange constitué principalement d’oxygène et d’azote. L’air est donc un Nitrox au sens physique du terme. Dans le jargon des plongeurs, le Nitrox est utilisé pour désigner un mélange d’air suroxygéné, autrement dit avec une valeur d’O2 supérieure à 21 %. Il est utilisé avec des bouteilles et détendeurs teintés de vert et peut avoir plusieurs usages.
Les spécificités et limites du Nitrox
Au-delà des contraintes spécifiques au remplissage des bouteilles au Nitrox, qui engendre d’infinies précautions de manipulation de l’oxygène, le plongeur va être limité en profondeur en fonction du pourcentage du mélange afin d’éviter les risques de crise hyperoxique liée à la pression d’oxygène ; par exemple, un Nitrox à 33 % d’O2 sera limité à 38 mètres et ce sera 12 mètres pour un Nitrox à 70 % d’O2. Au-delà d’un mélange composé de 40 % d’oxygène, le plongeur doit utiliser systématiquement des équipements (bloc, détendeurs…) aux normes « O2 pur » et donc différents de ceux utilisés à l’air. Enfin, pour être certain de la teneur en O2 du mélange, le fabricant du Nitrox et le plongeur analysent tous les deux le pourcentage d’oxygène avant la plongée et indiquent ces valeurs et la profondeur maxi autorisée sur une étiquette fixée au bloc.
La version « loisir » classique du Nitrox
Dans cette configuration, le plongeur remplace son équipement à l’air par un autre au Nitrox. Il n’a pas d’autre choix que de respirer ce gaz durant toute la plongée. Les Nitrox utilisés sont le plus souvent compris entre 22 et 36 % d’oxygène afin de laisser l’accès à la zone des 0/30 mètres, la plus fréquentée en plongée loisir. Dans cette logique, pour une même plongée qu’à l’air (profondeur et durée), le Nitrox limite les effets de la narcose (peu présents quand même dans cette zone !) et surtout diminue la saturation en azote et donc les paliers. Il s’avère donc potentiellement sécurisant… sous réserve que le plongeur respecte les limites d’évolution et n’en profite pas pour rester plus longtemps au fond car sinon il est aussi « dangereux » que l’air en la matière. Certains plongeurs, notamment des moniteurs, mettent en avant la diminution de la fatigue après avoir plongé au Nitrox.
La version « déco » du Nitrox
C’est l’usage typique des plongeurs profonds ou tek. Ils respirent d’autres mélanges durant la plongée (air ou Trimix) et ensuite, lors de la phase de remontée, au moment de la décompression, ils passent sur une respiration de Nitrox qui leur permet de diminuer plus ou moins sensiblement la durée des paliers (selon le pourcentage d’O2 utilisé). Il s’agit le plus souvent de Nitrox compris entre 50 et 80 % d’oxygène. Deux grandes techniques sont possibles. Soit le plongeur est autonome dans sa décompression en emportant avec lui, en plus de son bloc principal, une petite bouteille (le pony) de Nitrox qu’il n’utilisera que le moment venu en cours de remontée. Soit il rejoint la zone des paliers et retrouve le bloc Nitrox suspendu sous le bateau ou sur une ligne de palier immergée à sa demande par la personne restée en surface. Certains plongeurs utilisent une stratégie intermédiaire en fixant leur pony sur le mouillage à la descente et en le récupérant avant d’entamer la remontée.
Texte Alain Delmas, crédit photo : D. Deflorin