Le 5 juin, journée mondiale de l’environnement est la date choisie par Yann Arthus-Bertrand, pour le lancement par sa fondation GoodPlanet d’une application web (iOS et Android) qui informera les internautes sur les espèces marines les moins menacées pour consommer responsable et encourager une pêche durable.  “Planète Océan : 1 film pour comprendre – 1 appli pour agir”.    

Comment un terrien, féru de déserts et de lions en est-il venu à s’intéresser à la mer ?

Yann Arthus-Bertrand : En 2011, la direction des montres Omega m’a demandé certaines images de « Home », mon film mis gracieusement à la disposition du public qui montrait comment 200 000 années de présence humaine sur Terre ont altéré 4 milliards d’évolution naturelle. Ne voulant pas faire de bricolage avec des images qui n’avaient pas été tournées exprès sur le monde de la mer, j’ai proposé le tournage de « Planète Océan ».

Photographier la mer : est-ce plus compliqué que la Terre ?

Y. A. B. : Non, en photographie aérienne, ça ne pose pas plus de problème. Les îles, les barrières de corail… c’est la même chose que la brousse, la savane ou la jungle. Même si j’ai déjà fait un peu de plongée sous-marine, je ne suis pas un spécialiste. La plupart des scènes sous-marines nous avaient été fournies gracieusement par David Hannan.

Depuis, l’océan t’a inspiré ?

Y. A. B. : Nous venons de la mer. Là où nous habitons aujourd’hui, c’était la mer il y a des millions d’années. Le calcaire en témoigne, avec ses fossiles marins. Notre interrogation est partie de là. D’où vient-on et que fait-on de ce qui nous a été légué ?

Et ce qu’on en fait c’est…?

Y. A. B. : De la surpêche, de la destruction, de la pollution. Je ne mange plus de viande. Le poisson, je le sélectionne. Je ne mange que des espèces non menacées : sardine, morue, hareng. La sole, j’en mange peu et je regarde d’où elle vient. Le saumon, très peu et surtout pas d’élevage !

D’où l’idée de cette application ?

Y. A. B. : 50% des poissons pêchés le sont par 1% de bateaux de pêche industrielle. La FAO estime à 40 millions le tonnage de poissons morts rejetés chaque année en mer. Cette application est aussi conçue pour aider la pêche responsable, autant que le consommateur responsable. Je crois qu’il faut aider la pêche artisanale. Acheter au pêcheur sur le quai. Il est incroyable qu’un poisson pêché à Toulon passe par Rungis pour ensuite être redistribué à des poissonneries à Toulon !  Je ne fais pas de film culpabilisant, mais des films qui responsabilisent. L’application a la même vocation. Identifier les sources saines, les pêcheries gérées de manière responsable.

Le nombre de causes à défendre pour sauver la Planète est tellement immense. Comment les sélectionnes-tu ?

Y. A. B. : Je me suis rendu compte que les grandes idées, les grands combats et les grands projets débattus lors de grandes réunions internationales ne servaient pas à grand-chose. J’envisage donc le problème sous un autre aspect : celui de l’être humain. C’est plus un état d’esprit à obtenir. Le message est là : aimer son voisin, apprendre à vivre avec lui. Apprendre à vivre ensemble. Le pêcheur et celui qui consomme le poisson. Apprendre à vivre avec la mer. Pour que demain, il reste encore du poisson sur la planète.

Propos recueillis par Martine Carret

Infos pratiques

  • Pédagogique et pratique, l’application guide le consommateur dans ses choix, aide à identifier les espèces menacées et les espèces gérées durablement. Conseils de consommation et recettes de cuisine. Disponible ici
  • Extraits du film “Planète Océan” ici

Crédits photos : Yann Arthus-Bertrand et Yann Arthus-Bertand / Altitude