Vous voilà fin prêt. L’œil brillant et le mano frétillant d’impatience à l’idée de jouer les capitaines Nemo, vous n’avez qu’une hâte : sauter à l’eau et vous enfoncer dans la Grande Bleue. Mais n’oubliez pas que ces deux étapes sont souvent les plus délicates. Alors pour ne pas pourrir votre plongée, et surtout celle de vos compagnons palmipèdes, quelques conseils et rappels pour une mise à l’eau et une immersion en douceur ! 

Texte et photos Antoine Mettra

 

SUR LE BATEAU

– Chi va piano va sano : La plongée commence sur le bateau, pas à 1 mètre sous l’eau ! Prenez le temps de navigation pour vous détendre. N’hésitez pas à profiter des beaux paysages qui s’offrent à vous, pour ensuite mieux vous concentrer sur vos préparatifs. Profitez de ce temps à l’air libre avec la palanquée et le moniteur pour lever un doute ou un stress particulier, demander des infos sur le site, la faune et la flore, car sous l’eau il ne sera plus temps de parler. Le briefing du guide de palanquée doit vous rassurer et vous aider à imaginer la plongée pour mieux anticiper vos actions. Enfin, prenez soin, 5 à 10 minutes avant la mise à l’eau, de vous préparer et de faire vos vérifications usuelles : bloc ouvert, lestage, combinaison fermée et autres accessoires (octopus, manomètre, parachute, etc.) bien regroupés. Ainsi, sans stress inutile qui nuirait à l’efficacité de vos vérifications, vous aurez l’esprit libre pour écouter les dernières recommandations du guide et le briefing du directeur de plongée sur le site de mouillage.

– Adaptez-vous : Se préparer, c’est anticiper la météo ainsi que le type de bateau. En cas d’avis de grand frais, si vous décidez de sortir, n’hésitez pas à mettre la combinaison avant ! En effet, avec le vent et/ou la houle, l’équipement sur un bateau se révèle toujours très aléatoire pour qui n’est pas équilibriste ! Idem l’hiver avec le froid. En fonction du navire, vous pourrez vous laisser aller ou au contraire ce sera la discipline militaire. Le guide doit être là pour vous aider et vous accompagner.

– Conseil de pro : L’imagerie mentale permet de visualiser dans sa tête chaque étape de la plongée : de l’équipement aux vérifications en passant par la technique de mise à l’eau, l’immersion et même le déroulement de la plongée. Cette méthode vous permettra d’anticiper des difficultés éventuelles ou d’éviter des oublis. Ainsi vos actions seront plus faciles, plus efficaces et vous serez parés pour vous mettre à l’eau !

 

LA MISE À L’EAU 

– Le saut droit ou “pas de géant” : Positionnez vos talons sur la plate-forme arrière, les bouts des palmes dans le vide. Tenez votre masque et votre détendeur d’une main. Puis en regardant bien l’horizon faites un grand pas en avant. Ne regardez pas vos palmes sous peine de faire un plat mémorable. Cette technique est douce et moins angoissante que la bascule arrière. Elle permet de sauter d’assez haut et n’occasionne pas de perte de repères une fois dans l’eau. Néanmoins elle n’est pas toujours possible et nécessite souvent des déplacements, toujours périlleux, sur un bateau.

bascule-arriere

– La bascule arrière : Positionnez-vous assis sur le rebord du bateau. Tenez votre masque et votre détendeur d’une main ; rentrez votre tête dans les épaules, avec le menton collé au buste. Puis laissez-vous basculer en arrière. Cette technique efficace, qui évite les déplacements, est possible sur tous bateaux pas trop hauts sur l’eau. Elle fait souvent peur et semble risquée, ce qui n’est pas le cas quand on ne se retient pas et que tous les flexibles sont bien rangés et non coincés dans un taquet ! Par contre, on remarque une perte de repères provisoire une fois dans l’eau.

– L’équipement dans l’eau : Jetez par-dessus bord votre scaphandre puis sautez ou utilisez l’échelle. En surface, asseyez-vous sur votre gilet puis enfilez-le comme un sac à dos. Pour finir d’ajuster les sangles ventrales, dégonflez-le un peu. Cette technique, douce, permet de s’adapter à la température de l’eau et de travailler la perception de son gilet, mais n’est pas possible en cas de houle et de courant.

– Conseil de pro : Le moniteur doit se mettre à l’eau avant vous. Attendez toujours son autorisation pour sauter par-dessus bord et avant, vérifiez en dessous pour ne pas blesser quelqu’un ! Une fois dans l’eau, attention à la coque du bateau et faites le signe OK. Ne restez pas collé au bateau, car d’autres plongeurs s’apprêtent peut-être à sauter à l’eau.

 

POUR UNE IMMERSION EN DOUCEUR

– Des techniques à maîtriser : Respirer dès le début dans le détendeur, en position ventrale, permet de retrouver ses sensations. Insistez un peu sur l’expiration, il faudra de toute façon bien vider vos poumons pour vous immerger avec facilité et sans effort. Ne vous immergez jamais en cas d’essoufflement en surface ! Votre palmage et vos mouvements de bras doivent être bien contrôlés. Si possible, tenez ou longez le mouillage d’une main et utilisez l’autre pour équilibrer vos oreilles et communiquer.

– Le phoque : Videz votre gilet avec la purge rapide, arrêtez votre palmage de sustentation puis videz vite et bien vos poumons. Pour éviter de remonter comme un bouchon, ne reprenez que de petites inspirations immédiatement suivies d’expirations forcées, et ce jusqu’à 2 ou 3 mètres, la pression ayant pour effet de diminuer la flottabilité du néoprène. Cette technique permet un équilibrage facile des oreilles en optant pour une descente progressive. Ne palmez pas et n’hésitez pas à vous déhaler un peu sur le bout pour vous aider au début.

canard-plongeur

Le canard permet de descendre rapidement en cas de courant.

– Le canard : En surface, palmez en vidant votre gilet avec la purge basse arrière. Une fois au-dessus d’un point de repère visible au fond (caillou, banc de sable…), vous cassez le buste vers le bas, à 90°. Vos jambes montent à la verticale et vous ramenez simultanément vos bras le long du corps. Vous vous enfoncez dans l’eau et palmerez une fois les palmes immergées. C’est plus violent pour les oreilles et les sinus. Mais l’efficacité et la rapidité de cette technique en font un choix privilégié pour descendre rapidement sur un site précis en cas de courant ! Pensez à bien équilibrer vos oreilles : les variations de pression sont très importantes dans la zone 0 à 10 mètres.

– Conseil de pro : En surface, gilet vide et sans palmer, respirez normalement. Vous devez avoir de l’eau au niveau du détendeur. Si vous coulez, vous êtes surlesté ! Puis en soufflant, vous devez pouvoir vous immerger sans difficultés. Si ce n’est pas le cas, faites ce test de lestage aussi souvent que nécessaire, c’est-à-dire à chaque changement de combinaison, de bloc, de gilet…