Dès le miroir de la surface franchi et sans recours à un système de communication sous-marine sophistiqué, le plongeur découvre le prétendu « monde du silence« … Un poncif plutôt paradoxal quand on sait que les bruits sont légion dans l’univers subaquatique, mais qui fait surtout référence à l’impossibilité de parler. Orphelin de son verbe, le terrien immergé doit trouver d’autres procédés pour communiquer efficacement avec ses congénères plongeurs.

Les signes, la partie visible

C’est systématiquement ce qui vient à l’idée pour représenter la communication en plongée. Les fameux signes codifiés pour interroger ou indiquer que ça va, signaler que ça ne va pas bien, que l’on est essoufflé, en panne d’air ou en réserve… D’autres variantes permettent de rythmer les déplacements. Ces quelques signes connus de tous sont efficaces s’ils sont effectués de manière claire et après s’être assuré de l’attention du destinataire, mais ils ne peuvent être suffisants pour communiquer dans l’eau.

Le regard, au top

Les yeux dans les yeux, il est possible tout à la fois d’observer pour déceler les difficultés ou les angoisses de son équipier, mais également de montrer sa présence, son calme, de rassurer tout en enveloppant d’un regard protecteur. La surprise, l’étonnement, l’incompréhension, la satisfaction, tout comme la peur, la douleur ou la panique sont transmis efficacement par ce biais.

Le toucher, ce grand oublié

C’est l’un des meilleurs moyens de communiquer avec un plongeur. La main qui saisit va à la fois rassurer et transmettre des informations, tout en permettant au regard de s’affairer momentanément ailleurs. Le contact physique dans l’eau permet de communiquer différentes informations mais il faut réapprendre à utiliser ce sens un peu atrophié dans nos cultures « modernes ».

Les gestes

Au-delà des signes conventionnés, les plongeurs tentent souvent de se faire comprendre en parlant avec les mains, mais pas toujours avec le bonheur escompté. En effet, un même signe peut générer des interprétations différentes selon les personnes. Mieux vaut se caler avant de partir sur le sens des gestes ou plonger systématiquement avec les mêmes équipiers afin de développer son propre langage des signes.

Les postures

La position globale du corps parle également. Que ce soit pour le plongeur en difficulté qui s’agite, stoppe sa progression, adopte une posture fœtale ou crispe sa mâchoire pour tenir son détendeur. Mais également pour le guide ou l’équipier qui par sa posture se rend disponible, présent, enveloppant ou rassurant. Dans ce registre, le mimétisme fonctionne aussi, un plongeur qui adopte une attitude incite l’autre à faire de même.

Les outils

Divers équipements non spécifiques sont parfois utilisés par les plongeurs pour communiquer. C’est ainsi le cas de l’ardoise avec son crayon, des sources sonores ou des foyers lumineux. Les communications sous-marines dédiées peuvent également apporter des solutions efficaces mais elles sont onéreuses et complexes à utiliser, notamment au niveau du contrôle ventilatoire.

Texte Alain Delmas, crédit photo : D. Deflorin