Palanquée, binôme, équipe : plonger à plusieurs implique une cohésion, concrétisée par la communication entre plongeurs. Lorsque le lien visuel disparaît, la palanquée se trouve désemparée, sauf à maintenir un contact physique, un lien tactile : le touch contact.

Lorsque la visibilité se dégrade à un degré tel que l’horizon est réduit à quelques décimètres, voire rien du tout, il en faut peu pour que le groupe se sépare, que les équipiers se perdent. Sous plafond (épaves, mines, cavernes), à la probabilité de dégradation de la visibilité s’ajoute celle d’une panne totale d’éclairage. Aussi, le touch contact fait partie intégrante des programmes de formation. Il peut aussi être mis en œuvre en lac ou sur un tombant, afin d’assurer l’unité de l’équipe le temps de sortir d’un nuage d’eau glauque et d’éviter une interruption de plongée ou une remontée en surface pour s’y retrouver.

 

DES MAINS À LA PLACE DES YEUX

La communication tactile consiste à maintenir un contact entre les équipiers, afin de rester ensemble pour conserver la possibilité de se prêter assistance, notamment dans le cas le plus crucial : la panne de gaz. N’importe lequel des plongeurs établit le contact lorsqu’il ressent le besoin de garantir l’unité du groupe. S’il est en tête, il s’arrête et se laisse rejoindre par les suivants. S’il est derrière, il vient au contact de ceux qui le précèdent. Le premier présente son bras au second, qui vient poser sa main dessus, contre le triceps. Si troisième il y a, il s’appuie sur le second de la même façon. Le signal du départ est intimé par le dernier au second, qui le transfère au premier. Tant qu’il n’a pas obtenu le signal du départ de ses équipiers, le plongeur de tête ne reprend pas la progression. Afin de ne pas se gêner, il est préférable que les plongeurs adoptent un palmage latéral (comme le frog kick) et s’étagent sensiblement les uns au-dessus des autres, plutôt qu’à côté les uns des autres.

 

plongee-fil-arianeUN TYPE DE COMMUNICATION UTILE EN MILIEU CONFINÉ

La communication tactile se justifie pleinement sous plafond, en milieu fermé, avec déambulation sur un fil-guide jusqu’à la surface libre. Dans ce cas, quelques astuces optimisent le déplacement et la communication. Le plongeur de tête tient le fil d’une main et protège son crâne de l’autre. Le second pose une main sur le bras du premier, tient le fil de l’autre. Chacun tient toujours le fil, c’est une déclinaison du principe de redondance. Si le second lâche son équipier, le premier stoppe, une perte du contact étant interprétée comme un signal d’arrêt. Privé des informations visuelles, le plongeur évolue en aveugle. Seules les perceptions sensorielles du toucher (contact du fil dans la main) indiquent le niveau de flottabilité. Avec un peu d’entraînement, le touch contact s’assimile et devient très efficace. Dans le cas contraire, une improvisation peut vite tourner à la panade, avec emmêlement dans le fil, dégradation de la visibilité, etc.

 

 

CODE DE COMMUNICATION TACTILE

  • La prise est franche et précise, afin que les signes soient intelligibles :

– départ, en avant : une poussée franche vers l’avant

– en arrière : une traction franche vers l’arrière

– stop, arrêt :une pression ou un pincement franc

– panne de gaz : plusieurs pressions successives ou une secousse

  • Pour les évolutions sous plafond, en suivant un fil-guide :

– emmêlement : le plongeur emmêlé ou accroché indique le signe “fil d’Ariane” dans la main de l’équipier qui tient le fil

– changement de côté du fil : le premier prend la main du second posée sur son bras et la pose sur le fil pour indiquer qu’il a besoin de place pour l’enjamber

 

Texte et photos Frank Vasseur