Manta Point au Sud-Est de Bali : dernière escale (6 sur 6)

Nusa Penida, l’île aux diables… de mer !

Par Philippe Lahousse – Photos de l’auteur

A Bali, tout est histoire d’équilibre. A côté de l’île des Dieux, Nusa Penida est donc tout naturellement celle des démons car pendant longtemps, son aridité l’a rendue inhospitalière ! Aujourd’hui pourtant, les mauvais esprits ne semblent plus arrêter l’essor touristique, d’autant qu’on y trouve deux sites qui attirent les plongeurs du monde entier : Crystal Bay pour ses fameux Mola Mola (ou poissons-lunes) géants et Manta Point pour aller à la rencontre des diables de mer (autre nom des raies manta) qui fréquentent encore les abords de l’île.

Mais pour se rendre à Nusa Penida, il faut d’abord s’acquitter d’environ 40 minutes de bateau rapide depuis Padangbai. Qu’à cela ne tienne car le spectacle qu’offrent les vagues qui viennent inlassablement se briser en grandes gerbes d’écume au pied des falaises calcaires de la côte sud de Nusa Penida vaut à lui seul le détour.

On entend souvent dire de Bali qu’elle est l’île des Dieux tant la religion y est omniprésente. Mais à Bali, il y a aussi des démons que les femmes tentent chaque jour d’apaiser en abandonnant, partout sur le sol, de petites offrandes (les segahans) moins raffinées que les celles destinées aux Dieux et aux esprits (les canang sari).

Et comme si cela ne suffisait pas à la majesté du décor, nous passons au pied de l’arche solitaire de Nusa Batumelawang, résiste encore aux puissantes vagues qui déferlent sur cette portion méridionale du littoral de Nusa Penida, posée là comme un portail nous indiquant que nous entrons bientôt dans le repaire de ces créatures inoffensives qui n’ont de diabolique que le nom… 

L’arche de Nusa Batumelawang

Encore quelques minutes à profiter de ce paysage exceptionnel et nous voilà juste au-dessus de la « station de nettoyage » des raies manta de récif (manta Alfredi) qui viennent ici pour se faire déparasiter le cuir par des labres et autres girelles.

Station de nettoyage pour les raies manta de récif (manta alfredi)

Inutile d’attendre qu’on nous le dise d’ailleurs car l’incessant chassé-croisé des bateaux en surface est là pour nous l’indiquer très clairement. A peine le temps d’une bascule arrière qu’une première (et désagréable) surprise nous attend ; celle d’une eau bien fraîche (21°C) à laquelle nous n’étions plus habitués depuis notre arrivée à Bali ! Des frissons toutefois très vite oubliés car j’aperçois déjà une première ombre passer au loin. Impossible pourtant d’immortaliser le moment car il faut bien l’avouer, la visibilité n’est pas des meilleures sur ce site sans cesse remué par le déferlement des vagues et le ressac ! Peu importe et tout vient à point à qui sait attendre sereinement que les belles se livrent d’elles même à notre regard. Et justement, en voilà une qui se dirige droit vers moi. De suite, la magie opère et je reste comme hypnotisé par la grâce et la légèreté de cette créature qui doit faire dans les 3 mètres d’envergure pour sans doute près d’une tonne !

Les taches ventrales des raies mantas de récif permettent d’identifier chaque individu. On peut ainsi envoyer les photos prises à l’occasion d’une plongée à l’association Manta Trust (http://www.mantatrust.org) qui s’est fixé pour mission de les inventorier et de mieux en comprendre le schéma migratoire…

Difficile de dire combien de diables de mer différents ont décidé de montrer le bout de leurs cornes (céphaliques) aujourd’hui car ils se succèdent, virevoltent, disparaissent et puis reviennent à intervalle régulier autour de nous. Peu importe finalement car le ballet est étourdissant et les danseurs d’une élégance envoûtante. Un moment suspendu qui vous fait oublier tout le reste le temps d’une plongée inoubliable !

Un labre en pleine opération de nettoyage sur l’une des cinq fentes branchiales de la face ventrale de cet individu solitaire.

Sur le chemin du retour, alors que le bateau nous emporte à toute vitesse dans un dernier travelling sur les falaises abruptes de Nusa Penida, je vois déjà pointer au loin le sommet du volcan Agung. A cet instant, je ne sais pas encore que dans quelques jours, il va entrer dans une nouvelle phase d’activité qui fait encore craindre aujourd’hui une éruption majeure. Une nature généreuse mais une nature excessive aussi. A Bali, tout est question d’équilibre…

Sur le chemin du retour, le majestueux Mont Agung donne le cap…


Avec qui ?  http://www.ikandive.com/index_fr.html ——– Ikandive est un club franco-balinais dirigé par I Komang Mawi et Claire Muller. Il vous propose des sorties à la journée et des safaris plongées à la carte d’une durée allant de 15 à 21 jours.


Avant de partir !  https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/preparer-son-voyage/indonesie