Magnifiques avec leurs voiles, les Pterois miles et volitans, ou poissons lions, sont des espèces invasives et nuisibles en zone caraïbe. À tel point que les clubs de plongée ont été sollicités pour les chasser. Deux arrêtés en autorisent désormais la pêche en scaphandre « avec fusil sous-marin ou avec foëne », explique Franck Mazéas, responsable de l’unité de biodiversité marine à la Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL).
Quelque 102 moniteurs de plongée sont autorisés à les chasser avec la foëne, l’usage du fusil (court avec trident dévissable) étant réservé aux agents des services de l’État, soit 51 personnes. La foëne est constituée d’un tube équipé d’un trident que l’on arme à une main par un sandow léger. « Un bon chasseur peut tuer 50 poissons à l’heure selon sa dextérité », poursuit Franck Mazéas.
À ce jour, environ 185 foënes et fusils ont été distribués sur toute la zone côtière des îles de Guadeloupe. Le coût – 55 € pour le fusil et 35 à 50 € pour la foëne – est pris en charge par la DEAL, via des financements du Ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie (MEDDE) dans le cadre de la stratégie de lutte contre l’invasion du poisson lion aux Antilles françaises.

Des plongeurs informés sur l’invasion
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À Bouillante, Jacques Nadal, dirigeant du Centre des Ilets, a vu apparaître les ptérois en février 2010. Depuis mai 2013, il les chasse en compagnie de deux  moniteurs du centre. « La foëne est peu encombrante et plus présentable qu’un fusil face aux clients, souligne-t-il. Nous portons un brassard de reconnaissance de la DEAL et fournissons des explications aux plongeurs, peu au fait de cette invasion. Nous n’avons pas reçu de formation, mais des informations sur l’utilité de l’éradication, les zones urticantes des ptérois et la démarche à suivre en cas de piqûres. Des documents de sensibilisation sont également affichés dans les syndicats d’initiative et clubs de plongée. J’ai constaté une importante diminution sur les sites fréquemment visités, surtout dans la zone des 20 mètres. La taille des ptérois varie entre 10 et 30 cm, jusqu’à 35-40 cm. Désormais, nous sommes suivis par d’autres poissons qui ont compris qu’on chassait et qui attendent pour se régaler des ptérois tués. »
Même si les structures de plongée se mobilisent et sortent en permanence avec leur foëne, Franck Mazéas soupire : « On régule les stocks mais on n’éradiquera jamais cette invasion de ptérois. Personne n’est payé pour ce travail d’élimination, le coût serait exorbitant. Néanmoins, une réflexion est en cours pour la prise en charge de plongeurs pros sur certains sites particulièrement infestés. »

Texte et photos Martine Carret