Les mélanges gazeux contenant de l’hélium ouvrent les profondeurs où l’air est narcotique au commun des plongeurs. À l’heure où les cursus aux mélanges ciblent les plongeurs loisir, faut-il banaliser ces plongées ?

On ne présente plus l’hélium, popularisé par la plongée technique. Depuis une petite vingtaine d’années, des amateurs passionnés plongent aux mélanges ternaires sur les épaves, dans les grottes, le long des tombants lacustres. Le monde du loisir n’est pas en reste, il goûte aussi à la potion magique.

BEAUCOUP D’AVANTAGES, MAIS AUSSI DES DÉSAGRÉMENTS !

Afin de réduire voire d’annihiler les effets narcotiques de l’azote, on concocte des mélanges additionnés d’hélium, appauvris en azote et adaptés en oxygène. Sept fois plus léger que l’azote, l’hélium limite les efforts ventilatoires, d’autant plus sensibles en recycleur où il faut forcer le circuit du gaz dans la boucle respiratoire. Toute médaille a son revers. En faisant vibrer les cordes vocales plus vite, la voix est déformée, c’est le fameux effet “Donald Duck” qui imposa la formation de “traducteurs” pour faciliter la communication orale entre certains scaphandriers en intervention avec un mélange ternaire et le poste de commande en surface. Cet effet est négligeable en circuit ouvert, où le bruit des bulles couvre la voix, mais moins en recycleur où l’échange vocal est possible. Plus pernicieuse est la conductivité thermique supérieure à celle de l’air. Quiconque a déjà plongé en humide au Trimix a ressenti la différence entre les Trimix et les Nitrox au niveau du refroidissement corporel. L’étanche s’impose donc, mais à une subtilité près. Si le Trimix est injecté dans le vêtement, on en arrive vite à regretter la plongée à l’air ! La configuration s’enrichit d’une petite bouteille d’air dédiée au vêtement.

plongee-trimix

 

UNE GESTION DE PLONGÉE DIFFÉRENTE

Ce gaz noble (ou rare) est pratiquement inerte. Sa faible solubilité dans les tissus et sa propension à diffuser font qu’il circule rapidement dans l’organisme, contrairement à l’azote. Le plongeur est moins saturé et il désature plus vite, sous réserve de mélanges cohérents et adaptés à la profondeur. Ce phénomène a une incidence sur les protocoles et la gestion de la plongée. À profondeur et temps de plongée similaires entre un plongeur à l’air et un autre au Trimix, la courbe de remontée sera sensiblement différente. À l’air, on remonte rapidement vers la surface, à proximité de laquelle s’effectuent les paliers. Au Trimix, la décompression commence profond, la vitesse de remontée est plus lente. Il peut arriver que deux équipes, une à l’air, l’autre au Trimix, plongent en parallèle et totalisent un temps de plongée identique, décompression comprise. À ceci près qu’il effectueront leur décompression loin les uns des autres, étagés à des profondeurs différentes, pour se retrouver au dernier palier près de la surface. Autre aspect à considérer : lorsque les choses tournent mal, en cas de remontée rapide et de paliers shuntés, la recompression, envisageable pour un plongeur à l’air, est proscrite après une plongée au Trimix.

plongeurs-heliumLES MÉLANGES À L’HÉLIUM EN PLONGÉE LOISIR ET TECHNIQUE

  • Triox ou Hélitrox : mélange ternaire avec un pourcentage d’oxygène supérieur à celui de l’air (21 %) pour sécuriser les plongées jusqu’à 50 mètres ou optimiser une décompression.
  • Trimix : mélange à trois composants (oxygène, hélium, azote). Les cursus de formation décomposent leur usage en zones de profondeur et type de composition : le normoxique (18-21 % d’O2) jusqu’à 70 mètres et l’hypoxique (moins de 17 % d’O2) au-delà.
  • Héliox : mélange à deux composants (oxygène, hélium) apprécié par certains plongeurs CCR qui éliminent l’azote de leurs cocktails. Avec pour conséquences un refroidissement de l’organisme, l’augmentation du SNHP (syndrome nerveux des hautes pressions) à grandes profondeurs et des durées de décompression allongées par rapport aux Trimix.
  • Héliair : Trimix aisé à fabriquer (hélium + air) mais riche en azote et pauvre en oxygène par définition. Il est valable comme diluant en recycleur à circuit fermé.

 Texte et photos Frank Vasseur