Comment reconnaître un requin baleine ? Un grand tacheté

Avec une taille moyenne comprise entre 10 et 12 mètres, le requin baleine est le plus grand poisson connu à ce jour. Il est facilement identifiable grâce à sa livrée dorsale singulière, couleur gris-bleu mouchetée de taches blanches. Un chercheur australien, Brad Norman, a démontré que ce motif était propre à chaque individu et constituait une sorte d’ « empreinte digitale » permettant de l’identifier. La tête du « baleine » est plate avec un museau tronqué et de tout petits yeux placés aux commissures d’une très large bouche, tapissée de près de 3000 dents minuscules.

Mode de vie : Requin Baroudeur

Observable uniquement lors de grands rendez-vous saisonniers, le mode de vie de ce squale est encore très méconnu. Selon les auteurs, la durée de vie moyenne varie entre 60 et 100 ans, et certains individus pourraient même atteindre 150 ans ! Cet amoureux du grand large parcourt les mers chaudes, tropicales et tempérées, où il évolue entre la surface et 120 mètres de profondeur. Il est toutefois capable de plonger à plus de 1000 mètres et peut se rapprocher des côtes lorsque l’appel du ventre se fait sentir. Le requin baleine est un grand voyageur, qui parcourt des milliers de kilomètres, à une vitesse comprise entre 1,5 et 5 km/h, afin de renouveler son garde-manger.

Comportement alimentaire : Le filtreur de plancton

Le requin baleine se nourrit essentiellement de plancton, qu’il filtre en avalant près de 2000 tonnes d’eau par jour. Sous son air débonnaire, il est aussi un prédateur, capable d’avaler des bancs entiers de sardines, d’anchois, et même de thons. Lorsque le corail se met à pondre et que les poissons accourent de tous les côtés pour profiter du festin, le requin baleine surgit du fond à la verticale pour engouffrer tout ce qui se trouve sur son passage. Heureusement, les objets trop volumineux ou difficiles à digérer (gros poissons, tortues, déchets…) sont renvoyés vers la bouche grâce au cardia, un organe situé derrière l’œsophage.

Mode de reproduction : Un petit cachottier

Le requin baleine préserve si bien son jardin secret qu’on ignore presque tout de ses rituels d’accouplement. Une ambiguïté a longtemps subsisté après la découverte, en 1953, d’un œuf contenant un requin baleine miniature, mais il est fort probable que cet embryon ait été expulsé par accident et que l’espèce soit en fait ovovivipare. De tous les requins, c’est celui qui semble avoir les portées les plus nombreuses, comprenant jusqu’à 300 petits. Le requin baleine atteindrait sa maturité sexuelle vers 20 ou 30 ans, à une taille d’environ 9 mètres, et la femelle mettrait bas tous les deux ans environ, après une période de gestation encore inconnue.

Interaction avec l’homme : le chouchou des plongeurs

Considéré comme curieux et pacifique, le requin baleine se laisse facilement approcher et même caresser par les plongeurs. Le tourisme s’est donc largement développé dans les régions où il aime séjourner. Il est toutefois préférable d’éviter la trajectoire de sa lourde caudale…

Le baleine est menacé par une pêche excessive dans diverses régions, notamment en Asie où un individu peut valoir un million de dollars. Sa chair est un mets prisé dont le goût évoquerait celui d’un dessert, ses nageoires sont servies en soupe, ses abats nourrissent les poissons d’élevage… Si le requin baleine échappe encore à l’extinction, c’est en partie grâce à sa fécondité record de 300 petits par portée.

Fiche d’identité

  • Nom vernaculaire : Requin baleine
  • Nom scientifique : Rhincodon typus
  • Classe : Chondrichthyes
  • Ordre : Orectolobiformes
  • Famille : Rhinodontidae
  • LocalisationZones de répartition de l’espèce : Toutes les mers tropicales et tempérées chaudes, sauf la Méditerranée. Lieux où l’on peut l’observer en plongée : Baie de Sogod aux Philippines (de novembre à mai), Socorro (de novembre à juin), mer de Cortez (de mai à novembre), Isla Holbos et Isla Mujeres au Mexique (de juin à septembre), Utila Bay au Honduras (de mars à mai), Galapagos et îles Coco (de juin à novembre), îles de Pemba, Mafia et Zanzibar en Tanzanie (d’octobre à novembre), le Mozambique (de janvier à avril), les Seychelles (de septembre à octobre), Djibouti (d’octobre à janvier), les Maldives (de mai à octobre), Ningaloo Reef sur la côte ouest de l’Australie (d’avril à mai), Sodwana Bay en Afrique du Sud (de novembre à mars).
  • Taille moyenne : 6 à 14 mètres, record non homologué à 20 mètres.
  • Poids moyen : 8 à 10 tonnes (record non homologué à 34 tonnes).
  • Population : Inconnue (du fait de la grande mobilité de l’espèce).
  • Statut de l’espèce : Classée dans la catégorie « vulnérable » par l’UICN, ce qui signifie qu’elle a un risque élevé d’extinction à l’état sauvage.

Texte : Pauline Stefanini. Crédit photo : Jordi Chias