Qui de nos jours prendrait la route sans roue de secours ? En recycleur, on plonge toujours avec au moins une bouteille de sécurité. Dans quelle mesure cette ressource providentielle est-elle disponible ?

Un plongeur en recycleur se distingue par la façon dont il plonge avec son appareil et dont il prévoit de réagir à une panne. L’aspect qui nous intéresse concerne la bouteille de sécurité, communément désignée comme “bail out” (1). Faut-il sauter sur sa réchappe à la moindre alerte, ou exploiter les modes dégradés de son recycleur afin de réserver le passage sur circuit ouvert à l’extrême nécessité ?

La réponse s’adapte au niveau de pratique et se décline selon l’expérience. Le novice évolue proche de la surface, avec peu ou pas de décompression. Son salut vient du retour en terrain connu : sa bouteille de sécurité, lorsque le recycleur défaille. Cette logique motive certains constructeurs à proposer des BOV (2) en option ou de série sur leurs appareils. Le plongeur confirmé, plus expérimenté sur son appareil, maîtrisant les subtilités et les possibilités de sa machine, plus engagé en profondeur et contraint par un plafond virtuel (la décompression), exploitera au mieux son recycleur et ne passera sur circuit ouvert qu’en ultime limite, une fois le recycleur définitivement hors service.

Le fait est que le passage sur bail out n’est pas une vue de l’esprit, une option théorique, mais bel et bien une probabilité à laquelle il faut se préparer. Le plongeur qui quitte son recycleur pour son bail out le fait rarement en état de sérénité. Une panne avérée, un ressenti particulier, incitent à un changement immédiat de source de gaz respirable. Cette ressource se mobilise dans l’urgence, le plus rapidement possible, car il s’agit d’un besoin vital : respirer un gaz sain. Les plongeurs optent généralement pour l’une des trois options ci-dessous.

DEUXIÈME ÉTAGE PLAQUÉ SUR LA BOUTEILLE

Le deuxième étage peut être plaqué sur la bouteille par des élastiques de contention. Le flexible du détendeur est rallongé pour garantir un confort en bouche qu’un flexible court ne permet pas. Il est routé de façon à se déployer sans risque de blocage, et le détendeur disposé vers l’intérieur, au-dessus ou au-dessous, pour ne pas s’accrocher inopinément ou se remplir de sable. Avantage : le bail out est facile à manipuler et à fournir à un binôme, car il n’est pas forcément connecté au plongeur. Revers de la médaille, l’accès est le plus long car la bouteille et le détendeur se situent hors du champ de vision ; il est vital que le détendeur “tombe sous la main” immédiatement, en cas de besoin.

DÉTENDEUR MONTÉ SUR UN LONG TUYAU

Pour s’assurer de la disponibilité du détendeur, certains le montent sur un long tuyau (3) et fixent le deuxième étage du bail out sur le cou, avec un collier élastique. La réactivité est meilleure qu’avec la solution précédente, car il suffit de fermer l’embout du détendeur pour passer sur bail out. En affinant un peu le réglage du collier et en travaillant l’opération, il est possible de saisir directement le détendeur avec la bouche, sans l’usage des mains.

bail-out-valveBAIL OUT VALVE (BOV)

La bail out valve (BOV), un embout avec un deuxième étage de détendeur intégré, est sans contestation possible le moyen le plus rapide de passer sur circuit ouvert. Qu’il s’agisse d’un levier à basculer ou d’un corps d’embout à faire pivoter, la transition prend une petite seconde. Autre avantage : le risque de noyer accidentellement la boucle en la quittant dans la précipitation est minimisé. Par contre, la BOV a aussi quelques désavantages, selon sa source d’alimentation, le temps de progression et le type de décompression, notamment multi-gaz.

LEXIQUE

1/ Bail out : bouteille de sécurité, indépendante du recycleur, dimensionnée et remplie avec un gaz adapté à la remontée jusqu’à la surface en respectant les impératifs de décompression.

2/ BOV : embout de recycleur doté d’un mécanisme respiratoire permettant le passage sur circuit ouvert sans quitter l’embout.

3/ Long tuyau : flexible moyenne pression de 1,5 à 2 mètres de long.

 

Texte et photos Frank Vasseur