Scénarios catastrophe, anecdotes étonnantes, rencontres émouvantes… C’est aussi et surtout cela, la plongée. Alors ici, à la rédac de Plongée Mag, on a décidé de donner la parole aux lecteurs, afin qu’ils nous livrent leurs histoires les plus dingues ou mémorables. Parce qu’on est toujours très friands de ces récits qui sentent le vécu, et nous rappellent quelquefois notre propre expérience…

Eau ferrugineuse !

Ascension 2012, sortie club en Bretagne Nord. Je suis E2 et je plonge avec Yves, PN2. Le temps est pourri et la visibilité moyenne. Yves, en humide, part avec 190 bars en bloc 12 L, je fais de même mais en étanche. Après 12 minutes, nous passons au-dessus d’un surplomb pour piquer tête en bas, nous sommes à 18 mètres. Je me retourne vers mon binôme. Je le vois s’approcher rapidement vers moi et me faire le signe « panne d’air ». Il a les yeux exorbités mais ne panique pas. Je lui passe mon octo et le saisis par la bretelle de sa stab. Je suis étonné qu’au bout de 12 minutes il ait « séché » son bloc. Je vérifie son mano qui m’annonce 80 bars. Je relève la tête, Yves a enlevé mon octo de la bouche pour essayer le sien ! Il fait la grimace et reprend mon octo. Il essaye plusieurs manipulations de sa stab et autres sources d’air. Il me dira en surface qu’il essayait de comprendre ce qui se passait. Bon, OK pour comprendre, M. le prof en médecine, mais pas au fond à 20 mètres dans des conditions difficiles ! Je l’assiste à la remontée en prenant soin de ne pas quitter des yeux le tombant encore visible. En surface, Yves fait un essoufflement, le bateau n’est heureusement pas loin. Sur le bateau, Yves m’explique qu’à 18 mètres, lorsqu’il a mis la tête en bas, il a avalé une grosse goulée d’eau à la saveur de rouille. J’essaie son détendeur bloc vertical, tout est normal. Ce n’est que quand le robinet est en bas que nous « dégustons » ce cocktail d’eau de mer rouillée. En fait, en début de plongée, la bouteille était remplie à moitié d’eau de mer. Informé de l’incident, le président de la structure accueillante commence l’enquête, très inquiet. Il apprendra que la semaine précédente, 2 MF2 qui organisaient une formation apnée avaient utilisé le bloc comme gueuse. Gueuse remontée grâce à un parachute gonflé avec l’air du bloc. Le bloc une fois vide, ils ont oublié de refermer le robinet et le bloc s’est rempli d’eau de mer sans que personne s’en rende compte.

Patrick Quesme, E2

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Le monde à l’envers

plongee-pluieDe retour de Corse, j’avais réservé une plongée dans un club de la région de Toulon. Le matin, arrivé au club, une sortie est prévue aux Deux Frères. Notre groupe se compose de deux N2 dont moi et un N3. Mes compagnons étant des plongeurs photographes, je suis désigné guide de palanquée. Nous plongeons donc maximum à 20 mètres. Au bout de 15 minutes de plongée, je constate de multiples flashs, comme si nous étions entourés de 100 photographes. C’est féerique. Au palier, à plus ou moins 3 mètres, nous voyons l’eau de surface traversée par d’énormes gouttes, comme si des milliers d’oiseaux marins plongeaient pour se nourrir. Nous avons l’habitude de voir l’effet de la pluie d’orage sur une surface d’eau, mais pas à l’envers. Plonger sous un orage n’est pas habituel, mais quelle beauté sous-marine !

Patrick Gendarme

 

 

Danse avec les dauphins

C’était au mois de décembre 2000, lors d’une croisière en mer Rouge. Je venais d’obtenir mon Niveau 2. Notre périple nous avait menés aux abords de Dolphin Reef. Un matin, à 6 h, la capitaine de plongée vint me tirer de ma couchette : « Dolphins ! » Un petit groupe de dauphins évoluait à environ 150 mètres du bateau. Sans perdre une seconde, j’enfilai combi, palmes, masque et tuba, et me mis à l’eau, seul. Sans bouteille. Pas de bulle qui puisse jouer en ma défaveur. Je m’éloignai de plus en plus du bateau, essayant d’ignorer ma peur des requins. C’est alors que je les vis. Trois ou quatre dauphins qui me regardaient, se dandinant à une dizaine de mètres, souriant de toutes leurs dents. Des dauphins communs d’Arabie, sans doute (Delphinus tropicalis). Je ne pouvais détacher mon regard d’eux ; j’en comptai six, puis sept ! Le temps était suspendu… Je sentis que l’on m’attrapait sous les bras, pour me sortir de l’eau, et me laissai faire. Je me sentais tracté à la surface sans en être soulevé, et vis les dauphins de plus en plus près. Une grosse interrogation me fit tourner la tête à gauche et à droite, mon cœur explosa dans ma poitrine, des larmes me vinrent aux yeux. Il y avait un dauphin sous chacun de mes bras, et ils me guidaient avec une précision incroyable. Je tournai alors mes paumes pour attraper leur nageoire dorsale, pensant prolonger cette féerie, mais ils se dégagèrent immédiatement, pour revenir tout de suite s’assurer de ma flottaison à tour de rôle, me sustentant par leur dos ou leur ventre. Je pus les caresser à loisir, yeux dans les yeux, et découvrir toute leur anatomie, jusqu’à leur fissure génitale. Essentiellement des femelles. D’autres cétacés vinrent à leur tour près de moi, se laissant toucher, comme par affection, ou par joie d’avoir réussi une mission imprévue. Il y avait un respect et une satisfaction mutuelles, et cette effervescence avait attiré d’autres membres, car j’en comptai à présent une bonne douzaine – rien que pour moi ! J’avais comme l’impression d’avoir été adopté par le groupe. Ce souvenir reste le plus émouvant de ma vie de plongeur. Avec ce paradoxe étonnant… que je n´avais pas de bouteille !

Philippe Chartier

 

Plongée parmi les anges

Mon guide s’appelait Budgie. C’était un Anglais qui avait pris sa retraite à Tulum (Mexique), dans la région des cénotes. Il connaissait parfaitement le coin depuis 10 ans qu’il explorait ces trous d’eau. Il me proposa une profonde : Angelita. L’entrée dans l’eau fut un peu sportive : 150 mètres de marche capelé sur un petit sentier en pleine jungle, puis saut de 2-3 mètres dans un trou d’eau très calme. La descente commença dans une eau douce et limpide. Après une vingtaine de mètres, nous arrivâmes au-dessus d’une brume opaque (effet de l’halocline). Les branches d’un arbre massif, sortant de nulle part, se détachèrent d’un halo irréel et fantasmagorique, comme autant de bras géants lancés dans toutes les directions, donnant à la scène un aspect onirique et angoissant. Je surplombai un moment ce spectacle magique tandis que Budgie disparaissait doucement dans ce brouillard dense. Je descendis à mon tour et après avoir traversé 3 mètres d’une eau trouble et saumâtre, je me retrouvai dans l’obscurité totale ! Budgie n’était pas loin et nous continuâmes la descente à la lueur de nos phares, le long de cet arbre mort qui plonge dans les profondeurs. 30, 40, 50, 51 mètres… Le fond était tout proche, jonché de toutes sortes de débris végétaux entassés là au fil du temps. Contrôler sa respiration, économiser ses mouvements, faire attention à son palmage pour ne pas soulever les sédiments, ne pas laisser s’emballer son imagination… Après quelques minutes d’exploration, la remontée commença et nous traversâmes à nouveau l’halocline. En sortant dans la couche d’eau douce, tandis que la lumière revenait, nous nous rapprochâmes de la paroi et un stalactite géant apparut, se terminant par une main de pierre, l’index pointant vers le bas : la main de Dieu ! Puis nous remontâmes doucement à l’air libre, où j’hurlai à Budgie ma satisfaction. What a dive ! En remontant sur la rive, il me fit remarquer une petite forme poilue qui se tenait tout près de nous sur un tas de feuilles mortes. J’eus du mal à distinguer ce que c’était… Une mygale, me dit-il en éclatant de rire !

Jérôme Debaisieux, Niveau 3 (900 plongées)

 

Aquabike pour tout le monde !

plongeur-veloLors de l’été 2010, à Fréjus, sur le site du Lion de mer, nous avons fait une étonnante découverte. Ma palanquée, composée de notre moniteur, ma sœur, mon frère et moi-même, était partie pour une petite plongée d’exploration. Et là, quelle ne fut pas notre surprise en découvrant… un vélo ! Nous avons décidé tout simplement d’en faire. Et c’est parti pour une petite séance VTT sous-marine ! À tour de rôle, nous avons essayé de pédaler équipés de nos palmes et de notre scaphandre. Une petite séance photo s’est aussi imposée pour immortaliser ce moment incroyable et inoubliable. Au détour d’un rocher, nous avons croisé la palanquée de mes parents en autonomie. Nous leur avons indiqué l’endroit où se trouvait le vélo. Nous avons poursuivi notre plongée où nous avons vu barracudas, mérous, castagnoles, murènes et j’en passe. À notre retour, le vélo était toujours à sa place. Sur le bateau, petit débriefing avec notre moniteur et sans surprise, le vélo est au cœur de la conversation ! Tous les plongeurs ont appris rapidement l’existence de ce vélo. Le lendemain, en se rendant sur le même site, il avait disparu…

Alexandra Boulmier, N3, E1

Crédit photo : Alexandra Boulmier

 

Prisonnier d’une épave

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Au milieu des années 1970, je campais sur l’île du Gaou, non loin du cap Sicié. Avec une équipe de copains, nous plongions souvent au pied des Deux Frères, et en particulier sur l’Arroyo, bateau-citerne coulé en 1953. Je venais d’acheter ma première caméra Super 8 (une Fuji) dans un boîtier étanche plastique tout transparent. Avec pour éclairage une lampe Aqualux de la Spirotechnique (que j’avais équipée d’une lampe halogène) et un phare de 50 watts et 6 volts Océan Pro. Me voici donc embarqué en compagnie de mon ami Richard Bonneau, marin-pompier et plongeur 2e échelon (N4 actuel), qui pour cette époque était un très bon niveau. De mon côté, je n’avais encore aucun brevet de plongée, bien que plongeant depuis 1961 avec pas mal d’expérience à mon actif. Une fois sur les lieux, nous entamons la descente sur l’épave de l’Arroyo, que nous connaissons bien. Armé de ma caméra et de mes deux sources lumineuses, je décide d’entrer dans le navire pour y filmer les parties encore inexplorées par notre équipe. Après une progression sans incident, me voici dans un des recoins de l’épave, très sombre et plutôt sinistre, d’autant que mes palmes ont remué la vase. Quand tout à coup, mon phare de 50 watts s’éteint ! Ce qui n’arrange pas mes affaires, car l’Aqualux, même équipée d’une ampoule halogène, n’est pas assez puissante pour y voir très clair. Je décide donc de ressortir des entrailles du navire, devenu pour moi un tombeau dont je ne trouvais plus la sortie… Prisonnier d’une épave, cela vous glace le sang pendant les quelques secondes de panique qui paraissent une éternité ! Je reprends enfin mon calme et mes idées, gonflant mes poumons pour remonter jusqu’à buter le plafond, suivant à la lueur de ma lampe les bulles d’air qui sortent de mon détendeur et me ramènent à la sortie, où mon ami Richard m’attend impatiemment en agitant sa lampe. Un moment de joie et de soulagement que je n’oublierai jamais m’envahit. Tout cela à cause de mon imprudence. J’avais omis de prendre un fil d’Ariane indispensable à toute exploration de l’intérieur d’une épave ou d’une grotte…

Jean-Claude Eugene

 

Dieu existe ! Il était dans ma palanquée…

29 avril 1992, Hurghada. Nous sommes en sortie club et devons plonger sur un tombant au large. Mon ami Jean-Luc, N4, veut faire une plongée au-delà de 70 mètres (à l’époque il n’y avait pas de limites de profondeur). Le DP nous dit OK. Bien qu’ayant, à l’époque, déjà 10 ans d’expérience à 60 mètres et plus, je ne suis pas très chaud pour faire ce genre de plongée en mer Rouge, surtout avec un bloc 12 L ! Mais Jean-Luc est vraiment un excellent plongeur. Nous partons, un courant important longe le tombant. Je décide alors d’anticiper la dérive du retour et dès 30 mètres, plus de courant. La plongée se déroule sans incident. À 73 mètres (90 bars dans le bloc), Jean-Luc est pris par la narcose et nous remontons comme je le fais d’habitude dans ce genre d’exercice : assez vite jusqu’à 40-45 mètres, ensuite à vitesse préconisée. Vers 35 mètres, nous voyons foncer vers nous, surgi de nulle part, un plongeur seul qui me fait signe qu’il n’a plus d’air. Je lui donne mon embout. À l’époque, là-bas, on nous avait octroyé des blocs une sortie et nous n’avions pas d’octopus ! Je reconnais Serge, N4 du club. C’est un miracle qu’il nous ait rencontrés, nous sommes seuls sur ce site ! Serge ne veut pas me rendre mon embout : il est paniqué ! Du coup, je me résous à demander de l’air à Jean-Luc. La vitesse de remontée et les paliers ne sont plus respectés, car Serge, malgré mes injonctions, palme comme un fou vers la surface. Je me dis : là, si je ne chope pas un ADD, c’est que je ne suis pas bulleur ! Vers 25 mètres, nous sommes repris par le courant : heureusement que j’avais anticipé la dérive, nous faisons surface le long du bateau. J’avais fait signe à Jean-Luc de rester à 12 mètres au mouillage du bateau pour m’attendre. En quelques mots, j’explique ce qui arrive et demande que l’on me balance un bloc sous le mouillage. Je redescends à 12 mètres pour effectuer la procédure de remontée rapide US Navy que j’expérimente pour l’occasion. Nous ressortons ensuite sans encombre et retrouvons Serge. Il s’en tirera indemne. Il cherchait sa palanquée qu’il avait perdue et avait complètement vidé son bloc.

Daniel Thill, MF1

 

Une rencontre inattendue

Une de nos envies de plongeur était de découvrir les cénotes. Nous sommes donc partis au Mexique, direction Playa del Carmen, pour 10 jours d’exploration de ces cavernes exceptionnelles. Après quelques jours de découverte, nous entendons parler du cénote Angelita et de son fameux nuage de sulfate d’hydrogène situé à l’halocline entre eau de mer et eau douce. Rendez-vous est donc pris pour cette exploration. Ce jour-là, nous ne sommes que deux, ma femme et moi, à vouloir faire une sortie cénote. On nous adjoint donc un guide, et nous voilà partis en 4×4. Nous nous apercevons en chemin que notre guide ne parle qu’espagnol et un peu d’anglais. Or, pour nous, toutes les langues étrangères sont du chinois. Il nous explique, tant bien que mal, ce que nous allons voir. Mais malgré nos efforts, nous n’arrivons pas à nous comprendre, alors nous verrons bien. Nous nous équipons et nous voilà immergés dans ce trou circulaire qu’est le cénote Angelita. Notre guide nous fait visiter la grotte, les stalactites et le nuage de sulfate d’hydrogène, tout est magnifique ! De retour vers la surface, nous le voyons fouiller dans les branches des arbres qui tombent dans l’eau, quand tout à coup, il nous appelle et pointe son doigt dans une direction bien précise. D’abord, nous ne voyons rien. Nous nous approchons encore sur son insistance, quand soudain nous apercevons, à moins d’1 mètre de nous, une gueule pleine de dents. Un crocodile émerge tranquillement des feuilles en suspension pour faire un petit tour juste devant nos yeux émerveillés. Passionnés de photo, nous nous ruons sur l’animal et le mitraillons, tout excités à l’idée de réaliser des clichés qui sortiront de l’ordinaire. Il fera son petit tour nonchalamment et ira se cacher dans sa tanière inaccessible pendant que nous sortirons de l’eau l’air réjoui. C’est en regardant les photos plus tard que nous nous rendrons compte qu’il avait de grandes dents, ce crocodile. La passion du photographe l’emporte parfois sur la notion de danger. Cette plongée restera gravée dans nos mémoires de façon indélébile.

Patrick Désormais

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Crédit photo : Patrick Désormais

 

Un Diamant qui ne vaut pas cher…

2008. Martinique. Rocher du Diamant. Plongée avec un centre dont je tairai le nom. Nous n’avions pas emmené beaucoup de matériel avec nous dans l’avion et le centre nous a prêté le (très) strict minimum (notamment pas de parachute de palier). Autonomie avec mon épouse (N3). Beaucoup de courant dans le tunnel qui traverse le rocher et en surface. Impossibilité de tenir près du rocher et après avoir prévenu l’encadrant des N1, que nous suivions à sa demande, que nous remontions en surface, nous avons dérivé pendant 2 heures vers le large avant qu’un catamaran de croisière ne nous repère et donne notre position au CROSS qui avait lancé les recherches. Le semi-rigide du centre nous récupère, nous propose de l’eau (mais n’en avait pas à bord ! je n’ai d’ailleurs pas vu d’O2 non plus dans le bateau), et retourne vers le Diamant pour récupérer les blocs de N1 qui étaient par 10 mètres de fond, puisque, vu le courant, leur encadrant les avait fait décapeler pour remonter en apnée (!!). Je ne vous préciserai pas que nous n’avons pas payé cette plongée…

Jean-Luc Donjon, MF1 FFESSM, moniteur Nitrox, ANTEOR, Assistant Instructeur PADI et scaphandrier Classe II B INPP (environ 2500 plongées)

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Haut les cœurs

Été 2007. Avec des amis, on cherchait une destination originale et bon marché pour passer une quinzaine de jours de vacances. Nous choisissons la Bulgarie. Arrivés à Sozopol, je trouve une publicité pour un club de plongée. Jeune Niveau 1, c’était ma dixième plongée et, bien sûr, la première hors de mon club montpelliérain. Je réserve en précisant que je suis Niveau 1, peu expérimenté. OK, rendez-vous demain à 8 h pour 2 plongées. Commençant à comprendre le fonctionnement des choses, je me dis que ça n’est pas une super idée de plonger ici pour un débutant ! Démarrage du moteur : pom, pom, pom… C’est le moteur le plus lent du monde : à plein régime, le rythme est plus lent qu’une 2 cv au point mort, pourtant nous ne sommes que trois ! L’odeur d’essence est forte et parfois camouflée par celle d’alcool de mon voisin russe… Nous arrivons péniblement à destination. On plonge, on descend pendant 3 plombes, l’eau est super noire et j’ai l’impression d’être dans un documentaire sur les abysses. Puis, sans avoir le temps d’y penser, la thermocline ! Je n’ai jamais eu aussi froid de toute ma vie. Je passe en mode survie. Je me dis OK, reste calme, colle ces deux types, ne panique pas, ça va passer et après, pour ta onzième plongée, tu seras super à l’aise mec ! Mais après à peine 20 minutes, le Russe tombe sur la réserve. On remonte ! Nous voilà de retour sur le bateau qui bouge avec la houle, et une petite odeur d’essence résiduelle. À ce moment, je me dis que j’ai de la chance de ne pas être sujet au mal de… bbuuaooraaooaaarfff ! Eh oui, le russe vient de vomir ! Et là, sur un bateau de 3 mètres carrés, je compatis avec mon propre bbuuaooraaooaaarfff ! C’est alors que le responsable dit : « Okay, so guys, are you ready for the second dive ? ». D’un commun accord, le non l’a emporté ! Cela reste un très bon souvenir quand même. J’habite désormais à La Réunion, et les plongées ici sont bien plus tranquilles !

Emeric Denis, Niveau 2

 

L’ascenseur infernal

plongeurs-bullesLors d’une croisière « Triangle d’or » effectuée avec ma binôme S. et mon ami T. (tous deux expérimentés), nous nous préparons à une plongée sur l’épave du Numidia, très célèbre en mer Rouge. Une fois sur place, notre directeur de plongée se met à l’eau et nous annonce que le courant ne paraît pas trop violent. À la bascule, je me rends compte que l’épave est littéralement énorme. Je descends sur le côté tribord de l’épave où je trouve un endroit totalement protégé du courant. Je vois alors T. arriver à environ 10 mètres de moi, s’arrimer dans les structures métalliques, et immédiatement, il est positionné en drapeau (signe que le courant est très fort à cet endroit). Quant à S., elle parvient à rejoindre aussi le côté tribord mais doit s’accrocher à la coque pour ne pas être emportée par le courant. Elle est en difficulté, le courant a fait fuser son détendeur de secours et elle a perdu 60 bars de gaz. Je la rejoins pour l’aider à se repositionner correctement et T. nous rejoint aussitôt. Nous tentons de remonter le long de la coque pour rejoindre le récif, mais à peine sommes-nous éloignés d’un mètre ou deux de la structure de l’épave, que nous sommes aspirés vers le fond ! S. me fait signe que ça ne va pas, je passe en posture d’assistance, gonfle nos stabs et j’attends… mais rien ne se passe. Nous descendons toujours. Je suis alors très désorienté car nous sommes dans un chapelet de bulles. J’ai alors le réflexe de purger ma stab pour « ralentir » ce que je crois être notre remontée, et nous coulons alors encore plus. S. se met à palmer, T. l’en empêche (cela l’aurait poussée vers l’essoufflement), je gonfle ma stab au maximum et j’attends… Nous atteignons 43 mètres, les secondes sont très longues, mais à un moment, nous finissons par remonter. Nous rejoignons le récif à 20 mètres, puis nous longeons Big Brother main droite avant de retrouver notre « zodiacman ». Après cette belle frayeur, je considère que les plongées en dérivante dans le courant sont à réserver à des plongeurs aguerris. On ne peut pas lutter contre ces types de courants descendants.

Philippe Jourdren (800 plongées)

 

SUITE DES AVENTURES LA SEMAINE PROCHAINE AVEC UN NOUVEAU TÉMOIGNAGE !

 

Propos recueillis par Eliane Rigollet, dessins Pierre Camus, photos Daniel Deflorin sauf mention contraire

 

Retrouvez l’intégralité de ces histoires vécues dans Plongée Magazine n°66

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