Les phares Azuru Diving intriguent par leur forme et séduisent par leur puissance. Plus de 8000 lumens pour seulement 2 kg environ, il y a de quoi étonner. Alors ? Produits marketing faits de bric et de broc ou véritables outils pour cadreurs ? C’est ce que nous avons tenté de savoir lors de cet essai. 

Créé en 2012 et basé en Corse, Azuru Diving conçoit, réalise et assemble ses propres phares de plongée. La gamme se limite actuellement à un produit principal, le 8200, décliné en phare monobloc ou à tête déportée et plusieurs versions selon les platines de leds implantées. Pour cet essai, nous avons disposé de deux modèles de présérie en version vidéo XML haute puissance. En effet, à l’achat, on dispose de leds XML offrant un rendement maximum au prix d’une consommation plus élevée ou de leds XPG avec une puissance 2/3 inférieure mais une autonomie plus que doublée. Un choix qui peut être modifié ultérieurement. Pour le reste tout est identique.

Première constatation, nous voilà face à un produit résolument atypique. C’est du brut, du costaud, du fonctionnel sans esbroufe, conçu selon l’adage « une fonction, une solution ». Cela se sent à des petits détails : les pièces rapportées telles que flasques de fermeture sont ajourés pour diminuer le poids ; la visserie inox est unique, une seule clef permettant de tout démonter ; les poignées et pattes de fixation sont dotées d’un petit ergot empêchant tout jeu ; l’ensemble est modulaire, etc.

tete-phare-8200-azuru-divingParticularité, le volume tarabiscoté de la tête, aux antipodes des rondeurs  habituelles. C’est en fait un double radiateur, l’un pour la platine led, l’autre pour le compartiment batteries, chacun doté d’une sécurité surveillant la tension des batteries d’un côté, la température des leds de l’autre avec coupure en cas de dépassement d’un certain seuil. Pourquoi de si gros radiateurs ? Parce que ces phares ont une puissance théorique de 8500 lumens et qu’ils sont également utilisables hors de l’eau ! Un refroidissement nécessaire qui a donné du fil à retordre aux concepteurs.

D’autres choix techniques ont également été faits. Des accus lithium fer phosphate (LiFePo4), plus écologiques, avec absence de risque d’explosion ou d’inflammation. L’étanchéité est réalisée par un joint statique sans graisse, pris entre deux flasques de fermeture, et non par vissage avec un joint torique à lubrifier. Conséquence, une fermeture moins pratique mais une étanchéité garantie à 160 mètres. Pour le reste, c’est presque du classique (lire « Fiche technique »).

Ils ont la pêche

Rappelons qu’il s’agissait de modèles de présérie et, comme pour tous les fabricants, la puissance annoncée est théorique et basée sur le calcul. Une caractérisation précise est en cours. Quoi qu’il en soit, la patate est indéniablement au rendez-vous. Avec des moyens artisanaux, nous avons mesuré une puissance de 6500 lux à 1 mètre de distance et qui décroît de manière très linéaire vers la périphérie. En effet, si la couverture annoncée semble bien respectée, c’est au prix d’un « vignettage » progressif et tout à fait normal en partant d’un si petit diamètre. Compte tenu de ce paramètre, la couverture est très homogène, bien centrée et sans point chaud. Si un seul phare peut suffire pour couvrir un angle aussi extrême, les cadreurs exigeants opteront pour 2 phares afin d’avoir un éclairement constant sur l’ensemble du champ.

Cette couverture surprend sous l’eau. Après avoir annoncé la puissance de ces phares, certains de nos plongeurs d’essai ont été étonnés de leur « faible » pénétration. N’oublions pas que plus la puissance est concentrée dans un faisceau étroit, plus elle porte loin. Or c’est ici justement le contraire qui est recherché, éclairer large. Passé ce moment de surprise, c’est l’effet « waouh » assuré ! Le confort d’éclairage est au rendez-vous. On l’aura compris, tels que configurés ce sont des phares destinés à la vidéo, d’autant que les 45 mn à pleine puissance ont juste été atteintes.

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Signe que la puissance est incontestablement au rendez-vous, il est nécessaire de  la réduire en cas de prise de vue rapprochée ou pour équilibrer lumière artificielle/naturelle. Par défaut, ces puissances sont étagées à 100, 70, 40 et 20 %. Mais cette programmation peut être adaptée à la commande ou modifiée librement via une interface PC optionnelle. Dans tous les cas, la lumière est douce et bien répartie.

Enfin, signalons que la fermeture du flasque arrière peut être assurée, au choix, par des vis à gros embouts caoutchoutés, faciles à manipuler sans outils mais proéminents, ou par de discrètes vis creuses nécessitant la clef 6 pans livrée.

En conclusion

phare-8200-azuru-diving Ces phares raviront certains et seront boudés par d’autres. D’abord en raison de ce type de fermeture, moins « naturelle » et qui réclame un poil plus de méthode qu’une simple rotation. Pourtant, celui-ci est aussi sûr, si ce n’est plus. Le design ensuite. Ce n’est pas un bel objet, apte à séduire, même s’il existe en version anodisée colorée. Une approche qui devrait satisfaire ceux qui recherchent l’efficacité au détriment de l’esthétique. D’autant que la réalisation, l’échantillonnage et la politique du 100 % made in France, avec un suivi, procurent des produits a priori réellement fiables et durables. Tout cela avec un tarif compétitif face à des produits analogues et avec un rapport poids/puissance en tous points remarquable.

 

 

Fiche technique

  • Longueur 300 mm
  • Diamètre : 90 mm hors poignée démontable
  • Poids apparent : 800 g
  • Étanchéité : 160 mètres
  • Flux lumineux maximum : 8800 lumens
  • 8 leds XML
  • 6000 K
  • Faisceau 125°
  • Hublot verre borosilicate
  • Commande par bouton poussoir, 4 puissances sélectionnables par pressions successives et configurables à la demande
  • Batterie LiFePo4
  • Aluminium anticorrosion anodisé naturel ou métal satiné bleu ou rouge
  • Protections court-circuit, surchauffe, autonomie
  • Tarif : 768 € en version monobloc, 864 € en déporté

 

Les +

  • Puissance brute
  • Puissances intermédiaires programmables
  • Couverture angulaire et homogénéité du faisceau
  • Qualité de fabrication
  • Rapport poids/puissance remarquable
  • Modularité avec échange facile des platines et optiques leds
  • Fonctionnement hors de l’eau
  • Visserie inox unique
  • Rapport qualité/prix

Les –

  • Design « industriel »
  • Risque d’accrochage dans les ailettes des radiateurs
  • Système de fermeture déroutant pour certains
  • Rapport de forme peu équilibré
  • Pas de mode SOS

 

Retrouvez le texte et les photos de Daniel Deflorin dans Plongée Magazine n°66

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