Qu’il s’agisse de COI (compacts à objectifs interchangeables) ou de reflex, leur indéniable supériorité face à tous les compacts basiques réside dans leur capacité d’y adjoindre l’objectif le mieux adapté face à une situation donnée ou un résultat souhaité. Quel objectif choisir, pour quel usage, c’est ce que nous allons tenter de définir.

Quel que soit l’appareil, COI ou reflex, il y a de fortes chances de l’avoir acquis avec un objectif de base. Il s’agit souvent d’un zoom trans-standard, allant du petit grand-angle au petit télé, peu lumineux. Peu onéreux, ce type d’objectif permet déjà de couvrir nombre de situations, surtout en terrestre, et de faire ses premières armes sans se ruiner. Cependant, on sera rapidement conduit à mesurer ses limites. Pour obtenir de meilleurs résultats, il va falloir investir dans des objectifs plus performants, plus spécialisés.
En plongée, on s’apercevra vite de l’inutilité des téléobjectifs. En effet, la couche d’eau séparant le photographe de son sujet agit comme un filtre diffuseur. Quelle que soit la clarté, a fortiori en eau chargée, les sujets manquent de définition et de contraste, paraissent moins « nets ». Raison pour laquelle, en photo sous-marine, il faut être le plus près possible de son sujet. Hormis le 100 mm macro, toute optique au-delà de 70 mm n’est pas utile sous l’eau.

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Seul l’objectif grand-angle permet de s’approcher très près de son sujet, diminuant ainsi la couche d’eau entre lui et le photographe, tout en l’incluant dans son environnement.

 

Vive le grand-angle !

L’objectif roi sous l’eau est donc le grand-angle. Mais attention. S’il est indispensable pour photographier une épave, il sera moins à l’aise pour un portrait de girelle. Un objectif n’est jamais qu’un outil. Parfaitement adapté pour une tâche, moins pour une autre. D’où l’intérêt d’en changer pour répondre à un besoin. Encore faut-il l’avoir défini. Si tel n’est pas le cas, avant de foncer tête baissée, un trans-standard plus performant (28 ou 24-70 mm sur grand capteur, 17-50 mm sur APS-C, f/2,8) est un bon moyen d’y voir plus clair. Véritable « couteau suisse » à terre où il couvre l’essentiel des besoins, il autorise malgré tout une certaine versatilité en eau claire.
Mais si l’on se destine aux paysages, aux ambiances ou aux épaves, le grand-angle est indispensable. Zoom ou focale fixe ? Force est de reconnaître que l’offre en focales fixes est très réduite. Elle est beaucoup plus étoffée en zooms, principalement pour capteur APS-C, avec l’apport d’opticiens indépendants (Sigma, Tamron, Tokina) au prix d’ouvertures glissantes. Typiquement f/3,5-4,5. L’avantage est qu’ils permettent de passer rapidement d’un angle très large à un angle plus resserré, avec l’inconvénient, outre une ouverture limitée, de devoir modifier ses réglages flash en manuel. Les plus courants sont les 12-24, 10-22 ou 10-24 mm f/3,5-4,5. Avec de rares exceptions, tels les 8-16 mm f/4,5-5,6 Sigma ou 11-16 mm f/2,8 Tokina. De plus, les tarifs demeurent raisonnables.
En plein format, point de salut hormis les zooms grand-angle à ouverture fixe et le chèque s’y rapportant : les 16-35 mm f/2,8, 17-40 mm f/4 Canon ou l’excellent 14-24 mm f/2,8 Nikon aux prix conséquents. Toutes ces optiques constituent des « standards » en photo sous-marine permettant seuls de restituer l’ambiance d’un tombant, d’une épave ou d’un poisson, à condition de s’approcher très près de ce dernier.

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Le zoom trans-standrard, souvent livré en kit avec l’appareil, permet de débuter mais n’est pas d’une grande utilité en sous-marin.

 

Du Fish eye au macro

Pour voir encore plus large, on tombe dans les objectifs fish-eyes, offrant un angle de 180° au prix de déformations sphériques importantes. Un effet très marqué en photo terrestre, un peu moins en sous-marin, à la mode mais qui peut vite paraître caricatural. Dans tous les cas, ces photos sont « signées ». Contrairement aux précédents, il s’agit ici de focales fixes, 15 ou 16 mm f/2,8 pour plein format, 8 ou 10 mm pour APS-C, à l’exception des 8-15 mm f/4 Canon ou 10-17 mm f/3,5-4,5 Tokina. Comme tout outil spécifique, ces optiques sont moins polyvalentes que les précédentes.
Restent quelques focales fixes d’exception telles les 14 mm f/2,8 Canon, 15, 18 ou 21 mm Zeiss à des prix… incompatibles avec le SMIC. Toutes ces optiques sont indispensables en eau trouble et/ou pour restituer un sujet dans son environnement.
L’autre famille adaptée à un usage sous-marin est celle des objectifs « macros ». D’une focale allant de normal à téléobjectif, ils ont pour caractéristique d’autoriser une mise au point très rapprochée avec un rapport de reproduction 1/1. Ce qui signifie que le sujet sera reproduit à taille réelle.
Là aussi, il s’agit d’outils spécifiques, à focale et ouverture fixes. Les plus courants, polyvalents et moins onéreux, sont les 50 ou 60 mm f/2,8. Ils permettent de photographier les très petits sujets (crevettes, nudibranches…) ou les détails de sujets plus gros. À envisager en priorité pour ceux qui s’intéressent aux petites bébêtes. Plus pointus, les 100 mm f/2,8 macros (ou 90 mm en APS-C) offrent l’avantage de conserver ce rapport 1/1 à plus grande distance.
Ils effraient moins la faune et permettent de placer les flashs plus facilement. Inconvénient, la mise au point est plus délicate et la profondeur de champ réduite. Ils sont également moins à l’aise en eau chargée. Ces optiques, en raison de leur focale, permettent également d’aller « chercher » un sujet plus important (requin, raie aigle…) et craintif lorsque l’eau est très claire.
Terminons en disant que toutes les focales sont ici exprimées en équivalent 24 x 36, qu’elles existent également pour les COI et qu’elles nécessitent des hublots (dômes et/ou bagues d’extension) alourdissant la facture.

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En embrassant un champ de 180°, le fish-eye est un outil intéressant, malgré les déformations qu’il induit.

 

Texte et photos D. Deflorin