Deux ouvrages de Jean-Marie Ghislain, qui viennent de sortir aux éditions Les Arènes, mettent les requins à l’honneur. Une approche double, sous forme d’autobiographie d’un côté, et de recueil photographique de l’autre.

À première vue, rien ne prédestinait l’auteur, qui ne se pose ni en scientifique, ni en écrivain, à consacrer une partie de sa vie aux squales. Né en Belgique, dans une famille où tout n’était pas rose tous les jours, il passe les premières années de sa vie tiraillé entre plusieurs métiers, femmes et pays, semblant ne trouver sa place nulle part. Une période d’hésitation et de recherche de soi qui ne trouvera une réponse qu’à l’âge de 50 ans, au moment où il croise la route des requins pour la première fois, lors d’une plongée à Playa del Carmen (Mexique) : « Le lendemain, quand j’ai repris l’avion pour Ibiza, je savais que toute mon existence avait basculé, et qu’elle serait désormais indissociable de ces animaux prodigieux que je craignais depuis si longtemps de voir surgir dans ma vie et qui venaient de foudroyer toutes mes certitudes, comme un miracle. Leur beauté avait tué ma peur. » Lui qui n’était ni plongeur, ni photographe, va ainsi se lancer à corps perdu dans une aventure personnelle qui ressemble à une quête initiatique.

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Peur bleue

Dans « Peur bleue« , autobiographie sincère et sans fioritures, Jean-Marie Ghislain retrace son parcours de vie. La plongée et les requins n’y font leur apparition que vers la fin, mais l’intérêt réside surtout dans le cheminement personnel qui a mené l’auteur d’une vie « éparpillée » à une existence désormais guidée par un seul et même but : photographier les requins afin de mieux les connaître et de témoigner de leur beauté auprès du grand public.

L’invitation

Dans « L’invitation« , la place est entièrement donnée aux squales, puisqu’il s’agit d’un très beau recueil de photographies de requins de Jean-Marie Ghislain. Un album magnifique, où les clichés noir et blanc, pris en lumière naturelle, retranscrivent toute la majesté, la singularité et la puissance de ces redoutables prédateurs. Prises aux quatre coins du monde (Philippines, Palau, Australie, Fidji, Polynésie, Afrique du Sud…), les photos mettent en scène un florilège d’espèces plutôt impressionnant, puisqu’on y trouve, entre autres, des requins bouledogues, peau bleue, soyeux, grands blancs, renards, marteaux, tigres, gris, corail, bordés, citrons, taureaux, plats-nez à 7 branchies, baleines… Certains plans, très rapprochés, donnent une impression d’intimité très forte et sont la preuve des multiples moments d’exception vécus par le photographe. Comme pour mieux laisser « circuler » les squales dans l’ouvrage, des pages blanches s’intercalent parfois entre deux photos, et les légendes, qui peuvent parfois parasiter les images, se retrouvent toutes à la fin de l’album. Résultat : l’étrange impression de se trouver dans un musée, face à des œuvres gigantesques exposées sur des murs blancs. Un magnifique travail d’images au service des squales.

  • – « Peur Bleue », de Jean-Marie Ghislain (avec la collaboration de Valérie Péronnet). Éd. Les Arènes, 160 pages, 15 €.
  • – « L’invitation », de Jean-Marie Ghislain. Éd. Les Arènes, 194 pages, 39 €.

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Texte Eliane Rigollet