Plonger et s’émerveiller devant la beauté des fonds et de ses divers habitants, c’est bien. Mais savoir en plus reconnaître les espèces rencontrées, c’est mieux ! Pour vous y aider, voici sept clés pour bien observer nos copains subaquatiques et les identifier.

 

La forme 

Allongée et fusiforme, comme les thons, les fusiliers, les poissons lézards ou encore les girelles ? Fine et longue comme les syngnathes, les poissons flûtes ou trompettes ? Ronde, comme les poissons ballons ? Aplatie, verticalement comme les sars, les daurades ou les carangues, ou horizontalement comme les raies, turbots et autres baudroies ? Gros ou petit ? Autant de bons indices quant à la famille à laquelle appartient votre poisson. À charge ensuite de trouver l’espèce en observant d’autres caractéristiques.

La couleur 

Il faut d’abord savoir que la couleur seule suffira rarement à identifier de façon certaine une espèce, remarque qui vaut d’ailleurs souvent pour les autres critères. En effet, en fonction des lieux de vie, du sexe, de la période de l’année, du cycle de reproduction et de l’âge, notamment, les couleurs peuvent varier grandement. Sans compter qu’il faut très souvent un éclairage efficace pour faire ressortir les teintes. Pour autant, ne vous privez pas de noter les couleurs dominantes, ainsi que des dessins ou des motifs particuliers, comme des bandes sur l’œil, des taches, etc. Car heureusement, certaines espèces ont des couleurs caractéristiques : c’est le cas de la rascasse, chère à notre bouillabaisse, de couleur rouge vif. La girelle paon est bariolée de bleu sur la tête et son corps est à dominante verte. Beaucoup de poissons pélagiques comme les thons ou les sardines sont plutôt argentés… 

Les nageoires 

Leur positionnement et leur nombre surtout, leur taille, leur forme et leur couleur éventuellement, aident l’identification. En fonction de la famille et de l’espèce, il y aura des différences notables. Répertorions les nageoires : la (les) dorsale(s), positionnée(s) au milieu et au sommet du dos, les deux pectorales, juste derrière chaque branchie, les nageoires pelviennes, au niveau du ventre (une à gauche, l’autre à droite), puis vient l’anale, unique, positionnée avant la nageoire caudale, plus simplement appelée la queue. Les nageoires dorsales ont parfois des épines aux extrémités, comme nos amies les rascasses, ou juste devant, comme les vives. Enfin, observez la queue. De toutes les nageoires, c’est souvent la plus facilement observable, les poissons ayant la fâcheuse tendance à nous fuir. Il y en a en une seule partie, comme celle des balistes, des labres, des mérous, et elle peut être tronquée, droite, fine, en pointe, arrondie, en croissant ou en plusieurs lobes (2 ou 3), symétrique ou asymétrique…

La bouche

Où se situe-t-elle ? Au milieu, en haut ou en bas ? Est-elle garnie de dents ? S’il y a des dents, est-ce plutôt de fines aiguilles comme celles des poissons lézards et des murènes, d’épaisses canines comme chez les balistes, ou encore des plaques finement dentelées comme pour les congres ? La bouche est-elle charnue ou plutôt fine ? De quelle couleur ? Vive et colorée ou perdue dans la masse ?

Les caractères particuliers

Cela permet souvent de trouver une espèce précise parmi une même famille. Le mimétisme qui permet à l’individu de se cacher pour mieux échapper aux prédateurs tout en chassant sans être vu est caractéristique des rascasses, raies, turbots, poissons pierres, sans oublier les poulpes, rois du camouflage grâce à leurs chromatophores, cellules qui leur permettent de changer à volonté de couleur. Certaines espèces, comme les rougets ou les poissons chats, ont des barbillons en dessous de la bouche qui servent à fouiller le sable et à débusquer leur menu. Regardez si la peau est lisse ou à écailles, s’il y a des taches, appelées ocelles, à des endroits précis. Le saint-pierre aurait gardé la trace de doigt du Saint éponyme. Ces taches sont souvent des leurres destinés à tromper proies et prédateurs. Et pour nous, cela permet par exemple de distinguer facilement une girelle paon femelle d’un mâle qui, lui, n’aura pas de tache noire sur le dos.

rascasse

Le mode de vie

Connaître le mode de vie d’une espèce permet de savoir où, quand et comment la voir, condition sine qua non à l’identification. À proximité immédiate, sur la roche ou le sable, ce sont des animaux benthiques, c’est-à-dire en relation avec le fond. On pense aux girelles, aux labres, aux mérous, aux barbiers, aux raies pastenagues, aux oursins, aux étoiles de mer, aux poulpes, aux congres, aux roussettes ou encore au requin corail. Les uns préfèrent les rochers exposés au courant, d’autres affectionnent plutôt les herbiers et certains ne se sentent bien que cachés dans les anfractuosités plus sombres, en attendant la nuit. Ceux qui vivent en pleine eau sont dits animaux pélagiques comme les raies aigles, les carangues, les barracudas, les sardines, les thons, etc. Ainsi, inutile d’espérer croiser un pélagique en regardant au ras du fond et pas la peine de chercher une rascasse en pleine eau. Savoir où trouver les animaux est un avantage non négligeable. Des restes de coquillages et d’oursins, par exemple, sont souvent les macabres reliques du repas d’un poulpe, signalant certainement l’entrée de sa tanière ! Les congres, quant à eux, préfèrent souvent se tapir en profondeur, dans l’obscurité, et parfois à plusieurs, dans des trous. Ils affectionnent ainsi les épaves. Quant aux thons ou autres pélagiques, on les observe souvent aux alentours des grands tombants, et en se décalant de 10 à 20 mètres de la paroi, on a souvent la visite d’un prédateur resté à l’affût d’un imprudent qui s’aventure un peu trop loin. Des exemples comme ça, il y en a des centaines, à vous de les découvrir !

Les plaquettes immergeables, guides, photos et vidéos

Une fois sorti de l’eau, ces outils vous permettront d’étoffer vos connaissances. Vous en saurez plus sur les modes de vie des espèces rencontrées (habitat, alimentation, reproduction, vie diurne ou nocturne, migration saisonnière…) et augmenterez ainsi vos chances de rencontres. Si vous disposez de photos ou de vidéos, cela facilite grandement l’identification. À force, vous pourrez plus facilement reconnaître les poissons et vous habituerez votre regard à chercher les caractères distinctifs qui permettent d’identifier facilement une espèce. Pour ensuite mieux vous concentrer sur les comportements, source intarissable d’émerveillement !

Retrouvez le texte et les photos d’Antoine Mettra dans Plongée Magazine n°65

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