Suite à la disparition du navigateur franco-suisse dans l’atoll de Toau mercredi 24 juin à l’issue d’une plongée, le MRCC (Maritime Rescue Coordination Center), centre de sauvetage en mer de Papeete et équivalent de nos CROSS, a confirmé dimanche 28 juin, l’interruption des recherches coordonnées. Néanmoins, ce lundi, son frère Yvan Bourgnon, assisté de plusieurs amis et bénévoles, poursuivent les recherches.

Rappel des faits

Mercredi dernier, le navigateur franco-suisse Laurent Bourgnon effectuait une plongée à Toau, atoll isolé proche de Fakarava, dans le cadre d’une croisière privée. Par privée, il faut comprendre que depuis que Laurent s’est retiré de la voile et établi en Polynésie française en 2009, il proposait, entre autres, des croisières à la carte pour une clientèle aisée avec son catamaran de 24 mètres, le Jambo. Contrairement à ce que les médias ont relayé suite à sa disparition, il ne plongeait pas seul.
Selon nos informations, il effectuait mercredi matin une plongée en palanquée et conduite par un moniteur dans la passe Est de Toau. Une plongée somme toute classique sur un site bien connu de Laurent et son moniteur. Pour une raison que l’on ignore, il s’en est momentanément écarté. Ce n’est qu’à son retour à bord, vers 9 h (heure locale), que la palanquée s’est rendu compte de son absence. Immédiatement, le moniteur est retourné à l’eau alors que l’équipage et les deux annexes de Jambo se sont mises à sa recherche. À 11 h 45, le MRCC a été prévenu et a déclenché les opérations de secours. Rappelons que Toau est un atoll très peu habité, sans réseau cellulaire et que les liaisons VHF y sont aussi problématiques.

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À un peu moins de 8 milles au Nord-ouest de Fakarava, Toau est un atoll isolé et peu peuplé.

Le point de ce lundi

Dès le déclenchement de l’alerte et les jours suivants, d’importants moyens de recherches ont été déployés  : hélicoptère Dauphin et avions Guardian, équipés de caméras thermiques et d’appareils à vision nocturne, ainsi que plusieurs navires pour quadriller la zone. Les conditions météo étant bonnes, tous les espoirs étaient permis. L’hypothèse d’une renverse de courant durant la plongée et d’une dérive était alors privilégiée. D’autant qu’en marin et plongeur aguerri, Laurent pouvait survivre plusieurs jours, le risque d’hypothermie étant secondaire, a contrario de la déshydratation. Sans négliger le fait qu’il ait éventuellement pu rejoindre un motu.

Vendredi après-midi, son frère Yvan Bourgnon qui venait de boucler, le 23 juin, à Ouistreham  un tour du monde « à l’ancienne » à bord d’un voilier de 6 m 30 est arrivé à Fakarava pour prendre part aux recherches. Malgré des problèmes d’approvisionnement en carburant ce week-end sur Toau, aujourd’hui l’essentiel de l’atoll a été exploré. Aussi bien à terre qu’à l’intérieur du lagon ou en pleine mer et prenant en compte tous les calculs de dérive possibles.
Après l’abandon officiel dimanche des opérations de secours, c’est à bord de Jambo qu’Yvan coordonne la poursuite des opérations, de jour comme de nuit, à l’aide d’amis. Sur sa page Facebook, il annonce l’arrivée de plongeurs profonds équipés de caméras robotisées pour fouiller la zone. Comme le confiait un ami plongeur de Laurent  : « Rester dans l’incertitude est terrible. Tout va trop vite sous l’eau. On n’en a pas trop conscience, mais en 20 secondes, tu perds quelqu’un de vue et ça te marque à vie. »
En attendant, Yvan ne perd toujours pas espoir de retrouver son grand frère : « S’il a dérivé, comme c’est un Bourgnon, il s’accrochera jusqu’au bout à la vie. » C’est également notre vœu, même si les chance de le retrouver sont de plus en plus minces au fil du temps.

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Jambo, le catamaran de Laurent Bourgnon à son mouillage de Raiatea.

 

Texte et photos D. Deflorin