Plonger dans les Jardins de la Reine relève de l’expérience transcendantale. À peine immergé, on croise requins, mérous géants, bancs de tarpons, crocodiles dans les mangroves… Et l’on se prend à rêver de ne jamais quitter ces 250 îlots cubains qui offrent une biodiversité exceptionnelle préservée par un statut de parc marin. Un pays des merveilles qui s’explore sans lapin blanc, mais avec un guide expérimenté.
Texte Joel Ingalaturre (trad. C. Cioni), photos Jordi Chias

Situé à environ 95 km au Sud de Cuba, l’archipel des Jardins de la Reine se compose de plus de 250 petites îles, entre lesquelles se trouve un véritable labyrinthe de mangroves et de canaux d’eau turquoise. En ce coin reculé des Caraïbes, nulle autre trace humaine que celle des gardiens du parc – les Jardins de la Reine sont un parc marin depuis 1996, avec une superficie protégée de 2170 km2 – et des guides d’Avalon, l’unique opérateur autorisé à y pratiquer la plongée. Tout le reste n’est que nature à l’état pur. En quelques jours, je vais découvrir pourquoi cette destination compte parmi les meilleures du monde. Dès le début, ces Jardins apparaissent comme une aventure singulière, promesse d’un écosystème préservé, conservé dans son état originel grâce à l’insularité du lieu. Il faut en effet cinq heures de navigation pour atteindre ce paradis depuis le port de Jucaro.

Première plongée, premier contact avec les protagonistes de la zone : les squales. Ils sont une quinzaine à tourner près de notre embarcation. Ce sont des soyeux. L’adrénaline est au rendez-vous. Une fois dans l’eau, leur danse hypnotique justifie à elle seule ma présence en ces lieux. Les plus jeunes s’approchent et me permettent d’apercevoir le détail de leur peau extrêmement stylisée. Mais pas le temps de s’attarder, nous devons descendre pour poursuivre notre exploration.

Quelques mètres plus bas, le show continue avec les récifs, autre attraction des Jardins de la Reine. En excellent état, ils nous dévoilent leurs plus beaux atours, avec des éponges barriques dans lesquelles un homme pourrait presque tenir, des coraux fouets et gorgones à foison… Parsemés de tunnels et canyons, ils abritent une faune extravagante, tarpons et langoustes à titre d’exemple. Mais voilà qu’entre en scène, un autre habitant bien plus imposant : le grand mérou, qui déplace son immense corps – certains spécimens atteignent 200 kg – au milieu des failles et autres anfractuosités. Comme un gros toutou docile, il se laisse observer de près.

Ce défilé de stars sous-marines est loin de s’achever. Après les requins soyeux et les grands mérous, place aux requins gris des Caraïbes. Ce dernier est au générique de quasiment toutes les immersions des Jardins de la Reine. Patrouillant sur le récif, il nous jette des regards félins comme pour nous rappeler sa puissance.

Un écosystème unique

Après une première plongée aussi réussie, le doute s’installe. Peut-on encore faire mieux ? Évidemment, car avec plus de 50 spots de plongée, les Jardins de la Reine ont de quoi satisfaire l’appétit des plongeurs les plus exigeants. Et même des snorkellers, notamment avec les mangroves. Dans ce fabuleux écosystème, les jeux de lumière entre les racines créent des décors surréalistes. Sans compter l’abondance de vie, diverses espèces trouvant refuge dans ce labyrinthe aquatique. Parmi les hôtes les plus spectaculaires, on notera le crocodile américain qui peut mesurer jusqu’à 6 mètres de long ! Les guides d’Avalon savent dénicher ces reptiles, à l’instar de Franco, un spécimen de 5 mètres qui s’approche chaque nuit de l’hôtel flottant Tortuga pour sa ration de poulet…

Les Jardins de la Reine sont également connus pour les requins baleines qui croisent au large durant les mois les plus chauds de l’année. En ce qui me concerne, point de ces poissons géants, la période de mon reportage n’étant pas propice à leur rencontre. Aussi, je me lance dans une exploration haute en couleurs au milieu des récifs. Murènes vertes, crevettes nettoyeuses, langoustes, mérous, bancs d’ombrines, tortues et raies… Il ne manque rien ! Sans compter que grâce aux yeux experts de nos guides Noel et Michel, nous dénichons crabes araignées, nudibranches et autres bestioles minuscules. La plongée terminée, nous allons nous étendre sur l’une des îles à proximité et profiter du soleil. Dans ce décor paradisiaque, me reviennent toutes les images fortes de cette première journée dans les Jardins de la Reine… Et dire qu’il nous reste à découvrir tant d’autres merveilles !

Retrouvez toutes les infos pratiques de ce séjour ainsi que les autres destinations du dossier voyages “Escales en pays sous-marins” dans Plongée Magazine n°56

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