Comment reconnaître le corail rouge de Méditerranée ?

Le magnifique corail rouge est une espèce de « corail mou » (octocoralliaire) dont l’exosquelette calcaire est généralement de couleur rouge vif, mais il peut exceptionnellement être plus clair, rose voire blanc. Cette espèce forme des colonies rigides, ramifiées et arborescentes aux plans irréguliers et aux branches courtes. Les milliers de polypes rétractables très voyants sont protubérants et de couleur blanche, et disposent des 8 tentacules pennés typiques des coraux mous.

Mode de vie : colonisent l’obscurité

Les colonies de corail rouge sont sessiles (immobiles) et vivent fixées à des substrats durs. Elles colonisent les substrats rocheux et ne nécessitent pas de lumière pour croître ; on peut donc les trouver dans des grottes sous-marines et des pentes récifales à des profondeurs importantes (jusqu’à 400 mètres) ; en particulier dans les eaux méditerranéennes et notamment celles du bassin occidental. L’espérance de vie peut atteindre plusieurs centaines d’années.

Comportement alimentaire : un carnivore passif

Les colonies de corail rouge disposent de deux types de polypes : ceux qui assurent la nutrition et la reproduction, et ceux qui assurent la circulation de l’eau dans les tissus. Le corail rouge est un carnivore qui se nourrit par filtration passive en prélevant la nourriture (proies planctoniques telles œufs, larves, crustacés et particules organiques) qui passe à proximité des tentacules des polypes, grâce aux courants marins. Comme chez toutes les espèces de cnidaires, les tentacules des polypes du corail rouge sont munies de cellules urticantes spécialisées, appelées cnidocytes. Le corail rouge a peu de prédateurs naturels mis à part l’homme, mais est lui-même colonisé par des éponges encroûtantes.

Mode de reproduction : voies sexuée et asexuée

Le cycle reproducteur est à la fois sexué et asexué. Les sexes des colonies sont séparés, et il existe donc des colonies mâles et des colonies femelles. La maturité sexuelle est atteinte après 7-12 ans. En été, les polypes des colonies mâles émettent des spermatozoïdes en pleine eau. Ceux-ci nagent jusqu’aux colonies femelles et la fertilisation est interne. Les larves formées sont expulsées au début de l’automne, après 30 jours de développement, et vont rapidement se fixer au substrat à proximité de la colonie parente. Il n’y a pas de stade planctonique chez cette espèce. Une fois la larve fixée au sol, elle se reproduit par bourgeonnement, de manière asexuée, pour former une nouvelle colonie.

Interaction avec l’homme et le plongeur : un bijou de corail

Le corail rouge est un animal magnifique à découvrir en plongée, et sa répartition limitée dans le monde en fait un véritable trésor de la Méditerranée. Malheureusement, 5000 ans d’exploitation et le prix très élevé du corail rouge en joaillerie ont entraîné une disparition presque totale du corail rouge sur les côtes françaises et italiennes à des profondeurs de moins de 10 mètres. Bien que l’exploitation de cette espèce soit aujourd’hui réglementée, la lenteur de sa croissance n’a pas encore permis une recolonisation significative, d’autant que la pêche illégale est encore florissante, notamment en Corse. De plus, comme toutes les espèces de coraux, elle pourrait également être menacée par la pollution, le changement climatique et la destruction des habitats marins.

Fiche d’identité

  • Noms vernaculaires : Corail rouge de Méditerranée, sang de Neptune, corail des bijoutiers, corail de Sardaigne.
  • Nom scientifique : Corallium rubrum
  • Classe : Anthozoa (sous-classe Octocorallia)
  • Ordre : Alcyonacea (anciennement Gorgonacea)
  • Famille : Corallidae
  • Localisation : Espèce localisée essentiellement en Méditerranée occidentale (où elle est considérée endémique) et sur la côte atlantique du Portugal au Cap-Vert, de 5 mètres à 400 mètres de profondeur, à une température optimale de 15°C.
  • Taille moyenne : 20 cm, croissance annuelle de 1 à 8 mm
  • Poids moyen : Quelques grammes à plusieurs kilos
  • Population : Inconnue
  • Statut de l’espèce : L’espèce n’est pas encore protégée en Méditerranée mais sa pêche est réglementée. Les trois plus anciennes aires marines protégées – Banyuls, Carry-le-Rouet et Scandola, au large de la Corse – abritent d’importantes populations de corail rouge.

Texte Laura Dinraths, photo Daniel Deflorin