56 minutes après le lancement, le satellite Jason-3 a été mis en orbite. Quelques minutes plus tard, il a déployé ses panneaux solaires. Jason-3 est l’enfant légitime d’une coopération étroite entre le CNES (Centre national d’études spatiales), l’EUMETSAT (Organisation européenne pour l’exploitation des satellites météorologies), la NASA (qu’on ne présente plus) et la NOAA (Agence américaine océanique et atmosphérique).

Ce satellite a été entièrement fabriqué en France par Thales Alenia Space. Le déploiement du satellite et la collecte des données sont entièrement réalisés depuis le centre de contrôle de Toulouse.  

Jason-3 fait partie d’un programme de surveillance des océans qui a débuté il y a près de 25 ans avec Poseidon en 1992, puis Jason-1 en 2001 et Jason-2 en 2008. Ce programme a permis de mettre en évidence l’élévation des océans de 3 mm en moyenne chaque année.

Pourquoi mesurer la hauteur des océans ?

Mesurer la hauteur des océans peut paraître simple mais quand on y réfléchit, c’est loin d’être évident à réaliser. L’océan n’est pas plat. Le vent et les vagues créent des rides à sa surface qui vont dans tous les sens. La lune crée d’énormes marées. L’eau se contracte ou se dilate selon sa température et peut groissir selon les courants. Tout ceci s’additionne et peut causer des variations allant jusqu’à 2 mètres. Et c’est sans parler des côtes qui s’élèvent ou s’abaissent selon les régions, ce qui rend la notion de « niveau de la mer » assez absurde.

Connaître la hauteur des océans, c’est ouvrir une fenêtre sur la dynamique des océans. En caractérisant comment la surface des océans changent, les chercheurs peuvent mieux comprendre les courants, les turbulences et les événements climatiques comme les ouragans El Niño, et La Niña.

La perspective d’avoir des données sur de nombreuses années permet aux chercheur de détecter l’élévation du niveau de la mer au niveau global, (3 mm/an). Cette donnée est facilement masquée par la variation de la hauteur des côtes. Si en plus de ces mesures, on ajoute des flotteurs qui dérivent sur les océans afin de fournir des mesures précises de la température, de la salinité et de la profondeur, les données recueillies sont alors inestimables pour comprendre la dynamiques des océans, leur réchauffement et la chimie. 

Jason-3 va aussi être utilisé à des fins plus pragmatiques. La hauteur de la surface des océans peut être utilisée pour dériver la capacité de chaleur de l’océan, ce qui est essentiel pour prévoir la force d’un ouragan (et c’est d’autant plus important dans des régions où des ouragans peuvent se former en quelques jours). Et les mesure de la hauteur des vagues va permettre à la NOAA d’envoyer des bulletins de vigilance aux armateurs et navigateurs. 

La surveillance des courant est aussi essentielle pour un fonctionnement normal de la navigation maritime. Les mises à jour quotidiennes des courants aident les bateaux commerciaux à choisir les meilleures routes. De même, elles permettent aussi d’effectuer de meilleures recherches pour prédire la localisation d’un bateau à la dérive. Et pour ceux qui travaillent sur des plateformes pétrolières ou pour les éoliennes sur mer, ils peuvent également être avertis en cas de conditions peu clémentes.

Si tout va bien, Jason-3 devrait fonctionner 3 ans, avec un objectif de 5 ans. Et il sera alors remplacé par Jason-CS/Sentinel 6 afin de continuer la surveillance permanente des océans.